Le philosophe Berkeley (ci-dessus) pensait qu’on ne voyait pas la distance mais qu’on voyait grâce à la distance. 3 siècles plus tard, la Haute Autorité de Santé (HAS) édicte une liste de recommandations à destination des professionnels de santé pour détailler le contour des bonnes pratiques en la matière
La téléconsultation est définie par l’article R. 6316-1 du Code de la santé publique (CSP). Elle constitue un des actes de télémédecine et « a pour objet de permettre à un professionnel médical de donner une consultation à distance à un patient […] ». Tout professionnel médical (i.e. médecin, chirurgiendentiste, sage-femme) peut recourir à la téléconsultation, indépendamment de sa spécialité, de son secteur d’exercice et de son lieu d’exercice. Autre modalité de mise en œuvre de la télésanté, le télésoin est défini à l’article L. 6316-2 du CSP. Le télésoin est « une forme de pratique de soins à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication. Il met en rapport un patient avec un ou plusieurs pharmaciens ou auxiliaires médicaux dans l’exercice de leurs compétences […] Les professions de santé autorisées à réaliser un télésoin sont les suivantes : pharmaciens, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, ergothérapeutes, psychomotriciens, orthophonistes, orthoptistes, manipulateurs d’électroradiologie médicale, techniciens de laboratoire médical, audioprothésistes, opticiens-lunetiers, prothésistes et orthésistes pour l’appareillage des personnes handicapées (i.e. orthoprothésistes, podo-orthésistes, ocularistes, épithésistes, orthopédistes-orthésistes), diététiciens. »
Comme on peut voir, il n’y a pas que les médiums ou autres énergéticiens qui soignent à distance.
C’est quand même un sacré challenge que d’exercer un acte de santé à travers un écran, pas sûre que Berkeley ai imaginé la scène, mais regardez tous les avantages à ne pas être physiquement dans un cabinet diététique : je ne vais pas pouvoir vous contraindre physiquement à monter sur une balance en vous tirant par le bras, tout autant que je ne pourrai pas prendre vos mesures avec mon mètre de couturière 😀. Vous pouvez même vous faire un petit café pour le boire tranquillement pendant qu’on échange, je n’irais pas contrôler si vous avez mis du sucre dedans (je vous ai dis au fait que je n’étais pas une diet avec une approche restrictive ??). Le numérique c’est fantastique pour ça ! Je le vends bien mon distanciel ? Est ce que ce serait honnête de ma part d’essayer de vous persuader que de loin, c’est mieux ?
« En réduisant les distances et les délais, il est attendu que le déploiement de la téléconsultation et du télésoin contribue à :
- améliorer l’offre de soins pour limiter les renoncements aux soins, en particulier dans les zones où l’offre de soins ne permet pas de répondre aux besoins de la population ;
- faciliter l’accès aux soins en répondant aux besoins des patients souhaitant bénéficier d’une prise en charge adaptée, au plus près de leur lieu de vie (…). »
La consultation à distance passe par d’autres canaux que ceux mobilisés par le présentiel, les habiletés relationnelles n’y sont pas amoindries. Probablement que le langage y tient une place plus prépondérante encore. Peut-être qu’on ose se raconter davantage avec un écran qui nous protège.
« La téléconsultation et le télésoin répondent aux mêmes exigences que l’exercice en présentiel. La réalisation de la téléconsultation ou du télésoin relève d’une décision partagée du patient et du professionnel de santé qui réalise l’acte. Si aucune situation clinique ou de soin n’est, a priori, exclue de la téléconsultation et du télésoin, la pertinence de la prise en charge à distance doit toujours être appréciée par le professionnel de santé réalisant l’acte. Dans le cas où la prise en charge à distance n’est pas, ou n’est plus, compatible avec la situation du patient, une prise en charge adaptée doit lui être proposée (ex. : consultation ou soin en présentiel, déplacement à domicile, hospitalisation). La prise en charge à distance doit donc garantir au patient la même qualité et sécurité de soins qu’une prise en charge en présentiel; elle ne doit pas entraîner une perte de chance pour le patient. L’offre de soins à distance vient en complément de l’offre de soins en présentiel dans la prise en charge des patients et doit s’inscrire dans son parcours de soins. Les patients peuvent bénéficier d’une prise en charge par télésanté depuis leur lieu de vie; ils peuvent également se rendre dans un lieu où est installé un équipement de téléconsultation ou de télésoin. »
Je dois admettre que si j’aime avoir un patient en chair et en os (en tissu adipeux et en masse maigre) en face de moi, la qualité de lien qui se tisse dans une relation dématérialisée, ce qui se livre dans ces consultations est d’une nature toute particulière : peut-être en vient-on plus rapidement au fait ?
On accuse parfois la technologie d’éloigner les personnes, et celà s’entend. Il n’en demeure pas moins qu’il existe un réel soin qui passe par le canal numérique, à la sauce 2025, à travers des pixels. Et qui permet au patient de consulter à partir de chez lui, avec des outils qu’on n’aurait pas pu imaginer il y a encore 20 ans.
Il existe bien des histoires d’amour à distance. Pourquoi pas des histoires de diététique alors ?

